SYNOPSIS LONG
Iris, s’apprête à quitter l’orphelinat dans laquelle elle a grandie pour s’envoler vers l’Autriche où elle est attendue au prestigieux conservatoire de Vienne. Disciplinée et obéissante, elle fait ses adieux auprès de sœur Marguerite, celle qui l’a élevée depuis sa naissance et qui souffre aujourd’hui de démence. Iris sait qu’elle voit sœur Marguerite pour la dernière fois, et attristée de la voir fiévreuse et délirante, se contraint à lui tenir la main en silence et à écouter son discours décousu. Dans son délire, elle évoque sans cesse une femme rousse et des chevaux, au travers ces paroles de plus en plus agitées, Iris croit comprendre qu’elle lui révèle l’identité de sa mère, Diane White, une information jalousement protégées par l’institution pour le bien des orphelins. Ces dernières paroles de sœur Marguerite la hantent jusqu’à ce qu’elle se résout, malgré elle, à retrouver la femme qui l’a abandonné dès sa naissance, même si ce n’est que pour l’apercevoir de loin. Elle se rend à l’adresse et y découvre une magnifique maison victorienne adjacente à une écurie. Étrangement, la lourde clôture encerclant la demeure des Whites est ouverte comme si elle y était attendue. À la vue de cette maison, une tristesse mêlée de colère l’accable et l’envie de montrer à sa mère ce qu’elle est devenue la prend. En traversant la clôture, un hennissement de cheval retentit et une grande femme rousse ouvre la porte. S’appuyant sur une canne, elle observe stoïquement Iris, et retourne à l’intérieur, laissant la porte ouverte derrière elle. Quand Iris arrive sur la grande galerie bordant la maison, elle attend, troublée de l’accueil austère qu’on lui fait. Après quelques secondes d’hésitation, elle pénètre cette maison dans laquelle elle n’a jamais été invitée. C’est dans le salon qu’Iris voit sa mère de près pour la première fois. Vêtue d’une robe élégante, un verre de cristal à la main, elle avale quelques pilules avant de se retourner vers Iris, maintenant muette et figée. Diane n’hésite pas à prendre les devants. Froidement, elle reproche à la jeune femme de s’être fait attendre, puis l’invite à la suivre au travers de la maison. Iris obéi sans oser l’interrompre. Alors que Diane lui fait visiter la maison en lui donnant les descriptions de ses tâches, Iris comprend la nature du malentendu. Diane, blessée par un accident équestre, attendait ce jour-là une domestique pour l’accompagner le temps de son rétablissement. Elle a confondu Iris avec cette domestique. Son mari, Charles, s’absente souvent pour le travail, la laissant à elle-même dans cette maison immense et éloignée. Diane demande à Iris de lui tenir le bras pour l’aider à monter les escaliers. Au contacte de sa mère, Iris est envahie d’un sentiment de sérénité insoupçonné.
Alors qu’elle suit Diane d’une pièce à l’autre, elle découvre cette maison dans laquelle elle aurait tant rêvé grandir. Diane termine par la chambre d’Iris puis, sentant agir les effets des médicaments, part s’étendre. Assise sur les draps de satin qui recouvrent son nouveau lit, Iris se résout à prendre l’identité de la domestique. Pendant que sa mère dort profondément, Iris est laissée à elle-même dans ce domaine dont elle s’imprègne des moindres détails. En découvrant l’écurie, elle s’attarde au magnifique piano à queue étrangement enfermée dans un des enclos, et y joue quelques notes. Le cheval réagit de manière fougueuse au son des notes les plus aiguës du piano, ce qui fascine Iris. Au cours des prochaines semaines, Iris s’efface complètement, comme elle sait si bien faire, pour mieux observer ce qui se passe dans l’intimité de ceux dont la présence l’enivre, et pour lesquels elle se livre à une fascination et une obsession qui la consume de plus en plus. Fragilisée par la douleur qui l’assaille, Diane sombre de plus en plus dans la dépression, et Iris s’enivre d’autant plus de sa présence et des confidences qui lui sont faites dans ses moments de faiblesse. Elle est toutefois tenue à distance lors des séjours de Charles avec qui Diane partage toujours un amour fusionnel et passionné. Dès son retour à la maison, Charles a l’étrange impression de connaitre Iris depuis toujours. C’est au premier regard que la jeune femme sait qu’il s’agit de son père. Carburant à l’espoir d’une explication rationnelle de son abandon, elle profite des sommeils profonds de sa mère pour fouiller la maison de fond en comble. Elle cherche à les comprendre pour mieux leur plaire, elle se prépare à dévoiler son identité. Peu à peu, l’inconnu qui l’avait précédé jusqu’alors prend la forme d’un néant menaçant de l’engloutir comme un trou noir. La quête d’Iris vire à l’obsession. Elle doit savoir. Le risque de révéler son identité et de se faire abandonner à nouveau devient de plus en plus insupportable. Inquiète d’être démasquée à tout moment, elle s’empresse de passer au peigne fin le domaine qui recèle tant de secrets sur la vie de ses parents et les raisons de son abandon.
Au moment venu, elle manque à l’appel au départ du bateau qui devait l’amener de l’autre côté de l’Atlantique. Quand sa mère reprend du mieux, et qu’elle recommence à prendre ses distances face à sa domestique, Iris commence à trafiquer ses médicaments pour ralentir sa rémission. Au fil de ses recherches, elle commence à remarquer des incohérences dans l’histoire du couple. C’est en analysant les photos, les correspondances, les documents légaux, les journaux intimes trouvés, mais surtout, à force d’observer les rituels, les obsessions, et les comportements étranges du couple, que le récit d’un drame familial fait surface. Iris comprendra d’abord qu’elle avait une sœur, qui serait décédée dans un incendie peu de temps avant son adoption. Elle découvre plus tard que le cercueil de cet enfant a été enterré vide, son corps ayant été incinéré par le feu. Elle comprend finalement qu’il n’y a pas eu de décès, et que c’est l’enfant apparemment regretté est en fait elle-même. L’orphelinat lui avait caché l’âge réel à laquelle elle avait été abandonnée. Sa mère dégoutée par l’idée de la maternité avait toujours réussi à provoquer des fausses couches à l’aide de l’équitation avant le deuxième terme de ses grossesses, mais Iris a survécu malgré elle. Ne supportant pas de partager l’affection de son mari avec sa fille, elle a feint sa mort et l’a abandonnée anonymement à un orphelinat alors qu’elle avait déjà trois ans. Seule sœur Marguerite avait reconnu cette femme et connaissait son identité.
Charles, écrasé par la perte de cet enfant, avait sorti le piano sur lequel Iris avait commencé à apprendre à jouer. Pour protéger Diane qui ne trouvait refuge de son deuil apparent que dans le déni, il s’était résolu à faire disparaitre toutes les traces de l’enfant de la maison, dont il n’avait conservé quelques reliques secrètement dans son bureau. Pourtant, très intuitif, Charles devait aussi combattre ses démons intérieurs, et l’intuition que Diane y était pour quelque chose dans la disparition de l’enfant. Ces démons ne se manifestaient que lorsqu’il était ivre. Iris commence à soupçonner que cette dernière connait son identité. Diane a déjà compris que, non seulement Iris est son enfant et qu’elle est au fait de ses secrets, mais qu’elle a aussi conquis le cœur de son mari. Au moment où les deux femmes se font face, Diane confronte sa fille avec les pires peurs de cette dernière, soit qu’elle a été abandonnée simplement parce qu’elle n’a jamais été voulue ni aimée. Aveuglé par la rage, Iris résout l’énigme de son identité quand elle apprend l’ultime lien qui la lie avec sa mère, soit l’ardeur de leur désir d’être aimé, et l’horreur de ce qu’elles peuvent accomplir lorsque celui-ci leur est refusé. Iris enferme Diane dans l’enclos avec son cheval qu’elle a compris comment faire paniquer. Diane meurt sous les sabots de son cheval hystérique sur un fond de piano classique et sa mort lente et brutale passe pour un accident. Vêtue d’une robe ayant appartenu à Diane, Iris livre une prestation spectaculaire aux funérailles de sa mère. Alors qu’elle reprend ce même morceau fatal, elle touche définitivement le coeur de Charles. Elle continue de vivre dans la maison pour l’accompagner dans son deuil, prenant graduellement la place de sa mère, jusqu’à ce qu’il tombe amoureux d’elle. Charles, qui était si dévoué à Diane, peine à comprendre l’envoutement qu’il ressent pour Iris avec qui il partage tant de ressemblance. Il l’invite à rester avec lui et à fonder une famille ; lui offrant, sans le savoir, tout ce qu’elle a toujours voulu, soit de passer de l’être abandonné à l’être élu.
Alors que l’été touche à sa fin, ils reçoivent la visite d’un couple avec un jeune enfant qu’Iris observe. Iris se plait de leur amour quelque temps, mais l’enivrement s’estompe, comme une brume qui se dissipe. Iris n’est plus la jeune femme docile qui est apparue au début de l’été. Elle est désormais consciente de sa nature et de son pouvoir. Quand ils reçoivent la visite d’une jeune famille à la maison, Iris observe les jeunes enfants du couple et sent émerger en elle une vague de dégoût. En soirée, elle fait sa valise et décide de partir à Vienne après tout. Elle sait qu’ils ne pourront la refuser malgré son arrivée tardive. Sous les yeux de Charles, désormais irrémédiablement brisée, elle traverse le jardin, et pousse la lourde porte de la clôture qui est toujours entre-ouverte. Le claquement métallique de la porte qu’elle ferme derrière elle est suivi d’un hennissement retentissant. Elle laisse derrière elle un foyer tout à fait ravagé, à l’image de l’incendie qui a marqué son abandon.